Idées fixes ou idées reçues

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Depuis des décennies, la Chine donne lieu à quelques affirmations, qui n'ont souvent qu'un lointain rapport avec la réalité. J'essaie, ici, d'en lister quelques unes.

La grande muraille est visible depuis la Lune :

Non. Certainement moins que des choses visuellement beaucoup plus importantes, comme les autoroutes par exemple. Pour des raisons relevant de l'optique élémentaire. Et du bon sens. 

La grande muraille fait 6000 kilomètres

Oui. Du moins si l'on additionne tous les petits morceaux de fortification qui ont été construits, en plus de dix siècles, au Nord de Pékin. La plupart de ceux-ci sont en ruines. Le plus grand morceau continu et cohérent n'a jamais fait plus que quelques centaines de kilomètres. 

Intéressant : la vérité officielle (vue de Pékin) sur la grande muraille la créditait de 4000 kilomètres au début du 19° siècle. Au début de l'ère Mao, on est passé à 5000 kilomètres. C'est vers l'an 2000 que la nouvelle pensée unique est priée de passer à 6000 kilomètres.

La France a été le premier pays à reconnaître la Chine populaire.

La France a reconnu la Chine populaire en 1964. La volonté du Général de Gaulle était d'ailleurs de ne pas rompre les liens avec Taïwan, et ce sont les dirigeants taïwanais qui ont pris l'initiative de la rupture. Il a fallu attendre la déclaration faite, au nom de la France, par un ami de Mr Balladur, alors Premier Ministre, pour que la France déclare qu'il n'y avait qu'une seule Chine et que Taiwan en faisait partie. Sinon, il suffit de se souvenir de ce que le Royaume Uni a reconnu le régime de Pékin dès 1950. Suivi de nombreux pays européeens, bien avant 1964. Tous les pays communistes et ceux du Tiers Monde l'avaient, c'est évident, fait bien avant 1964. Tous les détails sont ici les reconnaissances diplomatiques

La Chine est l'un des cinq membres permanents du Conseil de Sécurité de l'ONU (le P5).

OUI. Mais, depuis la fondation de l'ONU jusqu'en 1979, c'est le gouvernement de Taiwan qui a été considéré comme le représentant de la Chine dans son ensemble. Ce qui, au passage, détruit la légende selon laquelle il aurait fallu, pour faire partie du P5, être détenteur de l'armement nucléaire.

Napoléon a dit "Quand la Chine s'éveillera, le monde tremblera".

Il l'a peut être dit, mais il n'existe aucune trace, sauf dans les délires de Peyrefitte. On est au moins sûr de ce qu'il ne l'a jamais écrit. Par contre, Lénine l'aurait inclus dans un discours, dicté, en 1923.

La civilisation chinoise est très raffinée.

Selon ses propres critères, certainement. Toutefois, quand arrivent les hordes de touristes étrangers attirés par les Jeux Olympiques (on recommencera pour l'Exposition Universelle de Shanghai en 2010) la principale préoccupation des autorités est d'interdire à la population de cracher partout et sur tout. Pour ne pas perler des pieds bandés, somptueux raffinement qui, pour resserrer l'entrejambes des épouses et concubines, faisait transformer leurs pieds en plaies purulentes et puantes.

La Chine a tout inventé

Elle a le mérite de nombreuses inventions. Dont l'exploitation a connu des destins variés. La boussole n'a jamais été utilisée, faute de navigateurs. La poudre à canon a surtout servi à faire des feux d'artifice. Le papier a permis d'écrire l'histoire des dynasties, mais, charmante coutume, chaque dynastie a détruit l'histoire de la précédente, pour en écrire sa propre version. Par contre, les raviolis Buitoni ne valent rien par rapport au moindre des raviolis chinois. 

La médecine chinoise fait des miracles

L'application par des Chinois formés en Occident, des techniques occidentales, permet des travaux, prothèses dentaires en particulier, à des tarifs remarquablement compétitifs. Mais, pour ce qui est de se faire soigner quand on est vraiment malade, il vaut mieux se diriger vers les hopitaux tenus et gérés par des Occidentaux. C'est d'ailleurs ce que font les dirigeants chinois.

La capitale de la Chine populaire est Beijing

C'est devenu très à la mode. Cela permet de faire croire, dans l'esprit de quelques uns, que l'on connaît la Chine. Air France, pour éviter tout incident, parle de vols "Paris Beijing". Alors que l'on hurlerait si la même compagnie établissait des horaires Paris London, Paris Napoli ou Paris Munchen. Ceux qui veulent vraiement faire croire "qu'ils connaissent" expliquent que c'est du pinyin. Mais, dans ce cas, il faudrait qu'ils sachent ce que veut dire Xianggang ou Guangzhou.