La politique étrangère : principes et réalités

Les Principes

(d'après le site du Ministère des Affaires étrangères)

Vieille nation européenne, inspiratrice des idéaux inscrits dans la Déclaration universelle des droits de l'Homme, membre permanent du Conseil de sécurité, la France a toujours revendiqué et exercé une influence sur les affaires du monde.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la volonté de mettre un terme aux rivalités qui déchirèrent longtemps le vieux continent l'a conduite à bâtir, avec ses voisins, la Communauté européenne qui est ensuite devenue l'Union européenne (UE). Il a cependant pour cela vaincre les réticences anti allemandes, ce qui a fait perdre beaucoup de temps, les Britanniques, très volontaristes entre 1945 et 1949 ayant rapidement perdu leur foi en m'unité européenne. Elle a continué de développer des relations privilégiées en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie, et a milité en faveur du développement des pays du Sud et en particulier des PMA (Pays les Moins Avancés). Avec le continent américain, elle entretient des rapports étroits et anciens forgés par l'histoire. De la Révolution de 1789, la France a conservé un discours, parfois rabâcheur, sur  les grands principes républicains de liberté, d'égalité et de fraternité destinés à l'ensemble de l'humanité. L'activité qu'elle déploie sur la scène internationale en faveur de la démocratie et de la paix en est la preuve.

 

Ou bien...la même chose dite un peu autrement

Les objectifs qui inspirent la politique étrangère française sont constants. L'influence qu'elle exerce a naturellement évolué depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, mais elle n'a pas cessé de se fonder sur le respect de certains principes.

La France attache un prix particulier à son indépendance, principe qui a guidé la politique étrangère engagée sous l'impulsion du général de Gaulle dans les années soixante. Celui-ci a fondé son action sur la mise en oeuvre d'une capacité de défense autonome et crédible, reposant sur la dissuasion nucléaire. Dans le même esprit, certaines initiatives diplomatiques spectaculaires ont été prises, notamment au Proche-Orient ou en Asie, démontrant que la France demeurait pleinement maîtresse de ses analyses et de ses choix de politique étrangère. Cette volonté n'a pas faibli au cours des décennies suivantes.

Cependant, le souci d'indépendance n'exclut pas la recherche de solidarités. Tout au long de la guerre froide, la France a affirmé et démontré son appartenance au monde libre. Elle exerce des responsabilités qui résultent de son statut international, soit comme membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, soit comme membre d'alliances qu'elle a contractées. Elle est enfin guidée par l'ambition de voir triompher, partout dans le monde, les valeurs dont elle a été l'inspiratrice et que les institutions internationales ont consacrées en des textes solennels.

Au lendemain de la guerre froide, ces principes et ces ambitions ont conservé toute leur actualité. Ils dessinent les axes principaux de la politique de la France sur la scène internationale : poursuivre la construction de l'Europe de manière à garantir la stabilité et la prospérité du continent ; agir au sein de la communauté internationale afin de favoriser les progrès de la paix, de la démocratie et du développement.

 

Les grandes constantes

-        Il n'existe pas de doctrine de la politique étrangère française, mais cependant une assez grande constance, qui transcende les clivages politiques.

-        Culture dominée par une culture terrestre d'affrontement avec l'Allemagne et une culture maritime d'affrontement avec la Grande Bretagne.

-        Période noire : Munich, Montoire, Yalta, Suez : lâcheté des démocraties et humiliation de la France. En opposition, esprit du 18 juin 1940.

-        Soutien sourcilleux de la souveraineté française. Indépendance et audace dans la gestion des affaires internationales.

La rhétorique

-        Indépendance vis à vis des blocs

-        Défense des libertés pour le Sud

-        Volonté universaliste d'afficher nos différences

-        Attachée au maintien de la paix, au respect du droit international, à la démocratie, la France veut jouer un rôle de premier plan dans la politique mondiale.

L'éthique

-        Valeurs de droits de l'homme et de démocratie, selon les normes occidentales, sont des valeurs universelles. La France est particulièrement en pointe dans ce domaine

-        Tout pays peut et doit devenir démocratique. Quelquefois au mépris des civilisations et des réalités.

-        Opposition entre ce que serait une société civile idéale et le politique. Les ONG sont le meilleur soutien de ces valeurs, mais aussi les marchés, les opinions publiques, les médias, les juges.....

Le cynisme

-        Les Etats sont des monstres froids, opaques et répressifs. La raison d"Etat est ce qui autorise toutes les violations de tous les principes, au nom de l'intérêt du pays. "Right or wrong, my country". Question de la guerre juste, de la torture, des interventions occultes dans les régimes des pays étrangers.

-        Ce que l'on nomme réalisme est en fait la poursuite égoïste et cynique des intérêts d'une nation au mépris de tous les autres principes. Etat-nation <-> égoïsme sacré.

-       Emergence d'une autre manière de voir les choses :  la raison d'état est toujours haïssable. L'histoire ne compte plus et il faut donner la prééminence à la société civile.

Les réalités

L'exception française

Il est difficile d'avoir une politique étrangère originale face à la montée des valeurs "anglo-saxonnes" : libéralisme total, culture du marché, primauté absolue de l'économie sur le politique, référence permanente aux Etats-Unis.

La manière d'être

Peu d'analyse en profondeur par les intellectuels français. Intellectuels souvent absents du débat parce qu'ils veulent faire oublier un passé proche des totalitarismes marxisants. Presque personne n'étudie les Etats-Unis.

Tendance au messianisme qui irrite souvent. Solitude orgueilleuse, Référence incantatoire à de Gaulle. Quelques positions dogmatiques peuvent mettre la France à l'écart (NMD, Position des états non-nucléaires détenteurs de l'armement nucléaire)

La France nécessaire au monde : grande puissance sous Louis XIV, inventrice des droits de l'homme, code civil, code Napoléon, Pensée des Lumières, Patrie des libertés.

Colonisation qui se veut beaucoup plus civilisatrice que la colonisation britannique

Le devoir d'ingérence ressemble beaucoup au devoir de colonisation et au fardeau de l'homme blanc. Le fait d'être sûr de son bon droit n'autorise pas à se conduire en gendarme du monde.

Exemple de la reprise des essais nucléaires de 1995 : présentés comme un acte d'indépendance "gaullienne", en fait série de dysfonctionnements et d'erreurs de jugement.

Francophonie

La France est le seul pays qui utilise sa langue comme une arme diplomatique.

Un texte pas sérieux sur le même sujet. (Revue du TGV de novembre 2001)

A ce jour, sur la planète, on estime à 7000 le nombre de langues parlées. Trois cent mots sont communs à toutes (je, tu, nous, lune, eau, feu, terre). La plus répandue est le mandarin pratiqué en Chine par 885 millions d’individus. L’espagnol, l’anglais, le portugais suivent. Avec ses 72 millions de pratiquants, le français arrive en treizième position, derrière le russe, le japonais, l’allemand, le coréen. Dix langues meurent chaque année car utilisées par moins de 100.000 locuteurs.

 

Aujourd'hui 105 millions de personnes utilisent le français comme première langue, 55 millions s'en servent de manière occasionnelle. En nombre de locuteurs, le français est la neuvième langue dans le monde. Il est présent dans les systèmes éducatifs de toutes les régions du monde.

 Avec l'appui de la France mais aussi d'autres Etats francophones, la communauté francophone est devenue une véritable enceinte de coopération tant linguistique et culturelle qu'économique et politique. Plusieurs institutions rassemblent ainsi la famille francophone. L'Agence de la Francophonie (ACCT), qui a son siège à Paris, met en oeuvre des programmes couvrant des domaines aussi divers que l'éducation et la formation, l'environnement et le développement durable, la culture et la communication, la coopération juridique et judiciaire. Les efforts déployés par l'Association des universités partiellement ou entièrement de langue française (AUPELF) ont abouti, en 1987, à la création de l'Université des réseaux d'expression française (UREF). Ces deux enceintes ont été fusionnées pour constituer l'Agence de la Francophonie. Par ailleurs, la chaîne de télévision francophone TV5, née en Europe en 1984, s'est progressivement élargie à l'Amérique (TV5 Québec-Canada, 1988), à l'Afrique et à l'Amérique latine (1992).

Huit sommets de la Francophonie se sont tenus, à Versailles (1986), Québec (1987), Dakar (1989), Paris (1991), Port-Louis (1993), Cotonou (1995), Hanoï (1997) et Moncton (1999). Réunissant 52 Etats, la rencontre de Hanoï a créé un poste de secrétaire-général à la Francophonie; qui a été attribué à l'Egyptien Boutros Boutros-Ghali, ancien secrétaire général des Nations unies.

Parallèlement, une politique active de promotion des échanges culturels, scientifiques et techniques est conduite à travers le monde. En 1999, cette action s'organise autour de deux grands axes. D'une part, les projets de coopération couvrent les secteurs les plus variés (agriculture, santé, environnement, administration publique, urbanisme, énergie...) ; de nombreux projets touchent quelque 120 pays développés, émergents et en transition. D'autre part, le réseau lie 300 lycées et écoles accueillant 150 000 élèves (dont 60 000 sont Français). La présence culturelle française s'appuie également sur environ 130 établissements culturels, installés dans 56 pays et offrant des cours de français à 140 000 adolescents et adultes. L'Alliance française, quant à elle, dispose d'un réseau de 1 060 centres répartis dans 140 pays, qui enseignent le français à 318 000 étudiants.

Au total, ces quelque 1 500 institutions, auxquelles il convient d'ajouter 25 instituts de recherches en sciences sociales ou humaines installés dans 20 pays et 203 missions de fouilles archéologiques, concourent à la présence française à l'étranger. Par ailleurs, en 1998, on comptait près de 150 000 étudiants étrangers en France, dont 18 000 bénéficiaient de bourses du gouvernement français. L'évocation de ce dispositif, largement aidé par l'État, illustre l'importance que la France attache, dans le cadre de sa politique étrangère, à la promotion réciproque des cultures.

                                                                                                       

Les grandes dates

1880

Le terme de "Francophonie" est inventé par le géographe français Onésime Reclus (1837-1916). 

1950

 

Création de l'Union internationale des journalistes et de la presse de langue française (UIJPLF), première organisation se réclamant de la Francophonie (en 1996, elle regroupe 2000 journalistes de 80 pays).  

 

Années

1960

 

Selon l'expression du poète et président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor, la Francophonie apparaît comme "un merveilleux outil" à de nombreux Etats africains ou arabes qui accèdent à l'indépendance. La notion s'impose avec les années de la décolonisation. De Niamey à Brazzaville, d'Abidjan à Libreville, de Casablanca à Tunis, de Lomé à Dakar et de Bamako à Yaoundé, le français demeure la langue partagée, une langue également commune à d'autres peuples dispersés sur les cinq continents.

Des personnalités comme Hamani Diori, Habib Bourguiba, Norodom Sihanouk et Léopold Sédar Senghor proposent alors de regrouper les pays nouvellement indépendants, désireux de poursuivre avec la France des relations fondées sur des affinités culturelles et linguistiques.

Création d'importantes conférences : conférence des ministres de l'éducation nationale ; conférence des ministres de la jeunesse et des sports (CONFEJES).

 

1961

 

Création à Montréal de l'Association des Universités Partiellement ou Entièrement de Langue Française. AUPELF

 

1965

 

Signature d'une "entente" pour un programme bilatéral de coopération entre la France et le Québec dans le domaine de l'éducation.

 

1966

 

Recevant à l'Université Laval de Québec les insignes de docteur honoris causa le 24 septembre, Léopold Sédar Senghor fait un éloge vibrant de la Francophonie. La France cependant ne s'engage pas, ce qui conduit le Président Bourguiba à formuler le commentaire suivant : "Si la France continue à observer la même réserve afin de ne pas sembler encourager on ne sait quelle variété de néocolonialisme, eh bien tant pis, il ne se passera rien ; le chapitre sera clos". Le Président tunisien ajoute : "la Francophonie n'est pas une nouvelle forme de colonialisme mais s'y rallier est utiliser l'acquis colonial dans le sens des intérêts des nouveaux États".

Création du Haut Comité (français) pour la défense et l'expansion de la langue française.

 

1967

 

Constitution de l'Association internationale des parlementaires de langue française

 

1969

 

Création de la Fédération internationale des professeurs de français (FIPF).

 

1970

 

Lors de la conférence de Niamey, fondation du premier organisme intergouvernemental de la Francophonie: l'Agence de coopération culturelle et technique (ACCT). La charte créant l'agence est signée par 21 pays, le 20 mars 1970. La coopération se limite d'abord au domaine technique.

 

1975

 

Léopold Sédar Senghor réclame un "sommet francophone". Adoption à l'unanimité par le Parlement français de la loi sur l'usage du français en France.

 

1977

 

Au Québec, après l'adoption de la loi 101 qui fait du français la seule langue officielle, est créé un Conseil de la langue française.

 

1979

Création de l'Association internationale des maires et responsables des capitales et métropoles partiellement ou entièrement francophones (AIMF).

 

1984

Création par la France du Commissariat général de la langue française (qui remplace le Haut Comité) et du Haut Conseil de la Francophonie (HCF). Première diffusion de TV5

Politique africaine

Tournée africaine d'août 1958 : annonce de la décolonisation. Création de la communauté acceptée par tous les états sauf la Guinée. De  1959 à 1960, tous les états accèdent à l'indépendance. Signent accords de coopération avec la France, intégration zone franc. Mise en place d'un rituel diplomatique. France impose des liens bilatéraux et d'allégeance. Sommets franco africains, puis sommets de la francophonie.

 Politique basée sur des liens et des fonctionnements occultes, corruptions, influence. Les liens de l'Afrique et de la France sont aussi tissés de manière presque charnelle par de nombreux acteurs de faible niveau, qui posent des problèmes quotidiens de pensions, de retraite et de sécurité sociale.

 Le lobby africain emploie des arguments comme : l'Afrique qui vote pour la France "comme un seul homme" à l'ONU, de l'Afrique où 1 franc placé rapporte 1,6 francs (mais il faudrait déduire l'aide, les remises de dette...), du risque d'être évincé par une autre puissance (URSS, puis Chine, puis USA).

En fait, coopération chère, pas de progrès constatés, mais conflits souvent moins meurtriers que dans les colonies anglaises et portugaises. Du moins jusqu'au Rwanda.

Discours de la Baule (Mitterrand 1990) conditionne l'aide à une démarche vers la démocratie. Mal perçu, ce discours a été renié l'année d'après. Dans les faits, les principes sont appliqués de manière très variable.

Dévaluation du CFA annoncée en 1992, réalisée en 1994

Volonté de remise à plat des accords, mais Chirac tente de recommencer la politique africaine d'avant 1981. Depuis arrivée de Védrine, réexamen profond, diminution de l'aide, une certaine moralisation, abandon de certains pays... Un effort est fait pour la responsabilisation des Africains, pour qu'ils se prennent en main eux-même : RECAMP, Formation des élites, coopération redéfinie.

Politique arabe

 Il n'est pas certain qu'il y ait une politique arabe, pas plus qu'il n'y a un monde arabe uni.

L'expédition de Suez est considérée comme une agression contre la nationalisme arabe.

Politique perçue comme très pro israélienne jusqu'en 1967. De Gaulle image de décolonisateur, normalisation avec l'Egypte en 1965.

La France s' oppose à un Israël trop dominateur.

Relations avec les pays du Maghreb sont surtout bilatérales. Fréquents contentieux avec Maroc, Algérie puis Tunisie. Actuellement soutien conditionnel au Maroc et à la Tunisie, tentative de retour en Algérie.

Résultats de la politique arabe des années 70 : vente d'armes à la Libye, à l'Irak (+ Osirak) et autres gros contrats. Accords de défense dans le Golfe (Emirats Arabes Unis)

Mitterrand a essayé de faire politique plus équilibrée entre juifs et arabes (discours à la Knesseth)

Mais perte d'influence au profit des Etats Unis, seuls capables de parler aux deux côtés

Selon certains, l'implication de la France dans la Guerre du Golfe a ruiné tous les efforts en direction des pays arabes. Il n'est pas du tout certain que tout soit aussi simple.

La diplomatie française a fait plusieurs tentatives de retour à l'occasion du processus de paix. Sans succès.

Actuellement, la France est perçue comme plus proche des Palestiniens par les israéliens et des israéliens par les arabes, ce qui est peut être le signe d'un certain équilibre. Elle veut, au nom de l'Europe, faire une politique équilibrée. Védrine, souvent en solitaire, essaie d'imposer à l'UE une certaine reconnaissance de la nécessité de prendre en compte les résolutions de l'ONU condamnant Israël.