Les facteurs de puissance

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Les facteurs de puissance

A étudier objectivement pour savoir si la France est une puissance plus ou moins grande

Il existe une superpuissance incontestée, les USA, le critère étant qu'elle est supérieure à toutes les autres, dans tous les domaines, ou qu’elle a accès a tous les domaines où elle n’est pas présente ou première, par la puissance de l’argent (achat de matières premières) ou l’attractivité (fuite des cerveaux) ou la possibilité de regagner la première place dès qu’elle le voudra (RITA, Durandal).

A côté de cela, des puissances reconnues mais perçues comme en déclin (France, UK, mais aussi Russie), des puissances réelles mais sous considérées (Inde), des vaincus qui ont remonté la pente (Allemagne, Japon).

Deux regards possibles : comparaison ou grille d'analyse. Attention à la tendance française à l'automortification.

Les années actuelles amènent à la découverte de la dimension européenne et de ses implications. Perte de souveraineté, donc de puissance pour les uns, synergie pour les autres.

Les facteurs de puissance sont l'ensemble des éléments qui permettent à un pays

de se situer en fonction d'existants

de se situer par rapport à une "valorisation des existants".

Les existants

La géographie

C'est le plus incontournable des existants. Il faut cependant la considérer aussi de manière dynamique, en fonction de son évolution au travers de l'histoire.

le territoire national

La France, extrémité de l'Europe continentale, est pourvue de frontières pour la plus grande part naturelles. 5500 km frontière, 3000 km de côtes, 1000 km lignes de crêtes alpines et pyrénéennes, 190 kilomètres du RHin. Fruit de guerres et de traités, stables depuis longtemps. Seuls Grande Bretagne, Espagne Portugal et Suisse ont des frontières stables depuis aussi longtemps.

Pas de compartimentation du pays, pas de zones trop peuplées, stabilité interne depuis longtemps, malgré certains particularismes régionaux se traduisant parfois par des épisodes relativement violents.

Position littorale particulière, avec triple débouché sur Atlantique, Mer du Nord et Méditerranée, chacune de ces ouvertures débouchant sur un espace géostratégique différent . De même, carrefour de circulation terrestre incontournable, reliant l’Europe du Nord à l’Europe du Sud et au Maghreb, mais aussi la péninsule ibérique à l’Europe du Sud Est. Il n’est que de voir les immatriculations des poids lourds sur les autoroutes pour s’en convaincre

Impossibilité de se replier sur soi.

Après la chute du mur de Berlin, on a cru que le centre de gravité de l’Europe allait se déplacer vers Berlin, l’Allemagne s’appuyant sur un ensemble de pays avides de rejoindre la « zone mark ». Le coût économique et humain de la reconstruction de la RDA, le décollage plus lent que prévu de la Pologne, la volonté anglaise de ne pas laisser Berlin prendre trop d’importance, quitte à pactiser avec Paris, la non reconduction d’un couple franco allemand moteur sont autant de raisons qui expliquent le maintien du statu quo.

les possessions extérieures

Restes physiques de l'empire. 120.000 km² (DOM et TOM), mais 12 millions de km² de ZEE, 3° empire maritime du monde.

Pacifique : Nouvelle Calédonie, Wallis et Futuna, Polynésie.

Océan Indien Réunion, Mayotte

TAAF : Kerguelen, Terre Adélie

Amérique du Nord : St Pierre et Miquelon.

Mais seulement 3,7% des terres émergées, et 46° rang mondial pour la superficie.

l’ancien empire colonial

Le fait d’avoir été à la tête d’un empire colonial a laissé des traces, ne serait ce que par le souvenir, quelquefois très fort, de traces de la présence française, dans les bâtiments, mais aussi dans les lois (poids du Code Napoléon) ou bien d’autres domaines de l’action publique et/ou privée.

Il demeure des liens avec les pays de l'ancien empire colonial, au travers en particulier de la francophonie, 120 millions de francophones sur trois continents. Ces liens se traduisent par un appui constant à l’ONU ou dans d’autres organisations internationales (même si c’est de moins en moins vrai) et par l’acceptation de la présence de troupes françaises (forces prépositionnées). Pendant longtemps, les monnaies de la majorité des anciennes colonies françaises en Afrique ont été directement liées au franc. La France est aussi le seul pays à organiser largement sa politique extérieure autour de sa langue (Portugal aussi, sauf Brésil). Mais ce lien est différent celui du Commonwealth. Monnaie, souveraineté....

La population

A l'époque des gros bataillons, la force démographique était pratiquement le principal critère de force. Ceci avait disparu au profit d’autres critères. Il réapparaît de manière logique avec l’extension de l’Europe, la pondération des voix se faisant en fonction de critères démographiques, ce qui a posé un vrai problème avec l’Allemagne pour laquelle il a fallu accepter un rang supérieur aux autres pays.

Avec 60 millions d'habitants, la France est aux environs du 17° rang mondial, avec 1% de la population. Indice de fécondité de l'ordre de 1, 7, population vieillissante : majorité de 40 ans et plus, plus de plus de 60 ans que de moins de 15 ans. Nous sommes cependant mieux placés que la plupart des autres pays de la communauté européenne.

Forte attractivité de la France, qui reçoit 60.000 à 80.000 immigrés par an, en provenance des pays de l'Est, du Sud du Bassin méditerranéen, d'Afrique subsaharienne et d'Asie de l'Est. La mise en application des accords de Schengen dilue les responsabilités et modifie les mode d'immigration clandestine. De même les problèmes des Balkans créent une nouvelle sorte d'immigrés.

la présence à l'étranger

1,8 millions de Français à l'étranger (2,8% de la population). Beaucoup moins que l'Italie (10%) ou la Suisse (12%). Expatriation souvent temporaire : les Français en partent pas sans espoir de retour et font peu souche à l'étranger, contrairement aux pays où le moteur de l'immigration est la disette sur place. Il manque donc des relais d'influence que pourraient constituer les communautés d'expatriés. Cependant, à l’intérieur de la communauté européenne principalement, les mariages mixtes se multiplient, ce qui fausse les statistiques.

Amériques 350.000 expatriés
Afrique 250.000
Allemagne :
Belgique
Grande Bretagne

Les acquis

le poids économique

Ouverture aux marchés extérieurs très limitée pendant longtemps, par rapport à des peuples plus traditionnellement marchands (Italie, Ligue Hanséatique).

Création du marché européen, janvier 93, conséquence de l'acte unique européen, marché de 350 millions d'hommes, Aussi riche que l'ALENA (1994), mais beaucoup plus intégré. A l'issue de la prochaine phase d'intégration, on atteindra 25 pays et une trentaine de pays. Fin 96, on pensait plutôt à 30 à 40 pays.

ALEA (Asie) a capoté. Mercosur ne fait pas beaucoup de choses.

France a rapidement développé le volume de ses échanges avec des pays à fort potentiel, après avoir longtemps travaillé surtout avec ses ex-colonies, dans des petits volumes. Aujourd'hui 4° PIB mondial, peloton de tête des PIB/hab, 4° place dans le commerce mondial, plus de 5% du total, 4° exportateur, 5° importateur.

Forte aide étatique, soit par travail de promotion (étatique et privée), soit par aide financière (protocole, crédits concessionnels, COFACE). Gain d'importantes parts de marché, en particulier dans les pays riches. Efforts timides avec des résultats très variables dans les anciens PECO, encore de grande faiblesses en Asie.

Balance commerciale très positive. Tourisme, produits agro-alimentaires, aéronautique, spatial, grands projets, luxe. Faiblesse dans certains domaines comme les machine outil. Tendance à favoriser les grands projets (TGV, métro, centrales nucléaires), pour lesquels tout l’état se mobilise, mais qui ne dégagent pas forcément une grande marge bénéficiaire, au détriment de la vente « sur catalogue », moins risquée et plus lucrative.

Accueil d'investissement étranger (4° pays d'accueil au monde) et achat d'entreprises étrangères (10.000 filiales à l'étranger, 400.000 salariés). Plus vague de fusions et de restructurations.

le poids militaire

Demeure un critère de puissance primordial des nations.

4° budget de défense, mais seulement 2% du PIB, dans la deuxième moitié mondiale, contre 3,4% en 1993, 16° par les effectifs.

Mais :

puissance nucléaire indiscutable
capable de projection partout dans le monde
vocation militaire mondiale
capacité de produire en local (de moins en moins français et de plus en plus européen) tous les armements
capacité de jouer le rôle de Nation cadre
savoir faire reconnu dans les opérations récentes (intégration aérienne, TG 470, IV P, COS)

Puissance nucléaire : triade abandonnée, mais 4 SNLE et une quarantaine de M20000 N. Dissuasion du faible au fort, frappe anti cités. Sanctuarisation du territoire national. Décision d'utilisation au seul président de la République et indépendance technique assez large.

Doctrine du Livre Blanc de 1994 :

Intérêts vitaux : intégrité des territoires de la métropole et des DOM TOM:
Intérêts stratégiques : maintien de la paix en Europe, Est et Méditerranée comprises, Liberté des échanges et des voies d'approvisionnement.
Intérêts correspondants à la place de la France dans le Monde.

Professionnalisation, évolution vers la projection.

Évolution vers une Défense européenne, avec une force intégrée composée d'unités puisées dans un réservoir de forces. France fournit 12.000 soldats, 12 navires, 141 aéronefs. Fournit des capacités "rares" : SDA, ravitailleurs, transport stratégique, PATMAR, ALAT, recco satellitaire et stratégique, capacités de commandement. La France veut pouvoir tenir le rôle de Nation cadre.

La France doit pouvoir garder une capacité qui reste indépendante de celle des forces qui seraient mises à la disposition de l’Europe : action autonome, en particulier dans le respect des accords, maintien de la souveraineté nationale, missions secondaires de la défense (POLMAR, tempête, aide aux populations, éducation)

le poids institutionnel

Avant tout, membre permanent du Conseil de Sécurité.

Mais aussi membre fondateur de l'Europe et du Traité de Rome,

Moteur, parfois agaçant et /ou plein de contradictions pour le reste du monde, de certaines innovations : droits de l'homme, coopération politique en Europe, coopérations renforcées, cour pénale internationale, pollution (réduction émission de gaz à effet de serre). A force d’agacer, la France est parfois devenue le refuge de ceux qui voulaient avant tout se démarquer des deux blocs sans tomber dans le tiers mondisme (une des explications d’une certaine place de la France sur les marchés d’armement, ou en Amlat)

Poids lourd dans certaines forces transnationales, par les hommes en place ou par les raisons historiques.

le poids culturel

Image de la France est dans beaucoup de pays supérieure à la taille réelle, politique, militaire, économique ou autre de la France. Par le biais de coopérations nombreuses et par l’acceuil d’étudiants étrangers, la France enseigne beaucoup, et diffuse sa manière d’être et de faire. Cette formation d’étrangers a beaucoup gagné en pragmatisme depuis l’époque où la Sorbonne formait les futures révolutionnaires marxistes, alors que les universités de pays de l’Est formaient les futurs anticommunistes, les Etats Unis se réservant alors les élites commerciales et industrielles.

Français langue véhiculaire, dans certains pays, mais aussi au sein de certaines élites, en particulier dans le monde diplomatique et le monde culturel.

Image culturelle forte.

Image de luxe, savoir vivre, élégance : modèle de 2° niveau, après le modèle de 1° niveau américain.