Saddam dans la ligne de mire américaine

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SADDAM HUSSEIN DANS LA LIGNE DE MIRE AMÉRICAINE

Alors que les Etats-Unis seraient en train de plancher sur une intervention contre Saddam Hussein en Irak, les sirènes anti-bombardements ont retenti de nouveau à Bagdad. Pourquoi et comment les USA peuvent-ils intervenir ? Les explications du général Brisset.

L'administration américaine ne s'en cache plus : dans le cadre de sa campagne antiterroriste, "des plans" pour destituer Saddam Hussein sont à l'étude. Onze ans après la guerre du Golfe, le vieux contentieux entre les Etats-Unis et l'Irak ressurgit. Ce dernier se prépare en conséquence et a procédé ce matin à des tests de sirènes d'alarme anti-bombardement. Dans le même temps, Saddam Hussein a appelé l'ONU à intervenir "d'urgence" auprès des Etats- Unis pour tenter l'empêcher de frapper.

Les explications du général Jean- Vincent Brisset, spécialiste de l'Asie centrale à l’IRIS (Institut de Relations Internationales et Stratégiques).

Tf1.fr : Pourquoi les Etats-Unis ont- ils intérêt à intervenir en Irak ?

Jean-Vincent Brisset : Les Etats-Unis ont toujours regretté de ne pas avoir marché sur Bagdad au moment de la guerre du Golfe. Déjà à l'époque, Colin Powell faisait partie de ceux qui voulaient destituer Saddam Hussein. Mais des voix contraires se sont élevées au sein de l'administration américaine; en 1991, Hussein n'était pas encore le méchant absolu comme il l'est devenu par la suite. Depuis, ils ont essayé de le faire tomber de son trône par tous les moyens et notamment par des sanctions onusiennes, mais sans aucun succès.

Aujourd'hui, l'annonce de ces "plans de destitution" n'a rien de surprenant. Depuis le lendemain des attentats du 11 septembre, l'administration Bush claironne que sa guerre contre le terrorisme ne se cantonnera pas aux frontières de l'Afghanistan. Et le premier pays visé après l'Afghanistan, c'est l'Irak. Pour trois raisons : ce pays soutient des réseaux terroristes, c'est un Etat voyou et il tente par tous les moyens de se procurer des armes de destruction massive. La phase une, sur l'Afghanistan, touche à sa fin. La phase deux a déjà commencé aux Philippines, en Indonésie, au Yemen ou en Somalie. Le temps est peut être venu pour l'Irak.

Tf1.fr : Est-il possible de prévoir quand les Etats-Unis interviendront ?

J.V.B. : Dans les tout prochains jours, deux étapes vont être décisives. Première d'entre elle : Dick Cheney, vice-président des Etats- Unis, doit partir en tournée au mois de mars au Moyen Orient. Ce sera l'occasion de prendre le pouls de ces pays et de connaître précisément qui soutiendra une éventuelle intervention. C'est d'ailleurs ce qui avait été fait juste avant le déclenchement de l'offensive militaire en Afghanistan.

La deuxième étape surviendra en mai prochain, au moment où se posera la question du renouvellement des sanctions onusiennes. Si l'Irak refuse la venue d'inspecteurs internationaux, ce sera un bon prétexte pour intervenir. D'ailleurs, l'Irak a d'ores et déjà rejeté, mercredi, toute possibilité d'un retour des inspecteurs en désarmement de l'ONU.

Tf1.fr : De quels moyens disposent les Américains pour se débarrasser d'Hussein ?

J.V.B. : L'idéal pour l'administration américaine serait qu'il y ait une "révolution de palais", que Saddam Hussein soit trahi de l'intérieur.

Le conflit avec l'Afghanistan a permis de faire découvrir l'existence de mouvements d'opposition à Saddam Hussein, y compris à Bagdad. Tout le jeu des Etats- Unis va être de les faire monter en puissance. Mais la tâche est nettement plus complexe qu'en Afghanistan où le pays était déjà éclaté. L'Irak reste un grand pays avec une grande armée, et les souffrances du peuple en raison des embargos a développé un sentiment anti-américain fort.

Tf1.fr : Une attaque militaire est-elle possible ?

Elle peut aller de pair avec la première, mais elle devra être ciblée. En 1991, la première volée de missiles avait suffi à casser les outils de commandement et anti-aérien. Pour ce type d'intervention, toute l'armada américaine présente au large de l'Irak est disponible. Techniquement, ce n'est pas un problème. Le plus difficile sera de casser l'outil humain, en l'occurrence Saddam Hussein, qui ressemble beaucoup à Kadhafi.

Par Alexandra GUILLET

Site TF1.fr 15/02/2002